Submitted by Alexis Penaud on
Par Clara Déry
Photo de couverture : © Émily Laliberté pour Exeko
Les ateliers Biblio-Libre tirent à leur fin et…
Je trouve ça un peu dommage. Dans mon petit quotidien d’étudiante, c’était comme la classe la plus riche à laquelle j’assistais, celle où j’apprenais le plus chaque semaine. C’était mon petit bonheur hebdomadaire.
Ce qu’on faisait pendant les ateliers Biblio-Libre, c’était de prendre, un par un, des fragments : des extraits de textes, des peintures, des films. Par après, la démarche était très simple, mais loin d’être anodine; on en discutait, on partageait nos impressions sur le vif et on tentait d’approfondir les contenus, de les contextualiser, de les lier entre eux.
À tous coups, ce qui me plaisait, c’était l’authenticité de chaque idée qui était amenée à la discussion.
Personne n’avait de connaissances absolues; personne n’avait la Vérité. Les jugements n’avaient pas du tout leur place. C’était une question de dialogues, de critiques, de points de vue partagés ou non.
Et pour toi, Le Cri de Munch, ça t’évoque quoi ? Et pour toi, cet extrait de L’Art de la guerre, de Sun Tzu ? Et pour toi, la démarche d’Hannah Arendt ?
© Gaëtan Nerincx pour Exeko
Il y avait, derrière ces discussions, un tout autre rapport à la connaissance et à la culture de celui que j’avais appris à entretenir par le biais des institutions scolaires.
Évidemment, mon propos n’est pas du tout de dire que les institutions comme les universités n’ont pas leur place, qu’elles ne remplissent jamais leur rôle, qu’elles sont gangrenées, loin de là. Je ne fais peut-être tout simplement pas partie des personnes qui cadrent dans ce modèle éducatif.
L’idée qui me trotte dans la tête n’est pas dans la critique, mais dans le questionnement. Se pourrait-il que les connaissances qu’on cultive, on les cultive en vase clos ? Il me semble qu’on chérit le savoir, oui, mais qu’on le garde bien opaque. Qu’on valorise la connaissance, mais à travers le cadre d’institutions, au sein de cercles fermés, dans un vocabulaire abracadabrant.
À quoi bon écrire des centaines et des centaines de pages, si ce n’est, finalement, que pour pouvoir en parler avec quatre ou cinq personnes sur Terre ? Bref, à quoi bon savoir, si on est plus capable de le rendre audible à quelqu’un.e d’autre ?
Alors… toute cette culture, toutes ces connaissances, à quoi c’est censé servir finalement ? À diviser les gens qui savent décrypter les livres, et ceux qui ne savent pas ?
C’est exactement là, à ce point-là du problème, que les ateliers d’Exeko entrent en scène.
Sur la base du principe selon lequel toutes les intelligences sont égales, les médiatrices et médiateurs mènent à bien des séances qui incarnent une autre conception du savoir et de la culture.
Ils et elles sont porteurs et porteuses d’une vision qui considère tous les points de vue sur un même pied d’égalité, et qui refuse de sous-estimer les bagages culturels de chacun.e.s. Un exercice collectif où les livres, les théories, les arts, l’Histoire, la sociologie deviennent de vraies plateformes à partir desquelles on peut engager un dialogue.
Les ateliers Biblio-Libre, c’était un foisonnement intellectuel riche sur tous les plans. C’était la découverte d’une culture des-encarcanée et créative qui résonne davantage, qui rassemble. Ça commence là, la valorisation du savoir et de la culture.
© Francesca Ferrari pour Exeko