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Après deux ans de travail dans les rues de Montréal à bord de la caravane philosophique «idAction Mobile» d’Exeko, j’ai décidé de quitter, un peu malgré moi, ce bien unique emploi. Que peut avoir appris un Québécois d’origine syrienne en sillonnant la métropole québécoise avec des outils culturels et intellectuels à bord d’une camionnette?
Avec comme objectif de rendre ces outils plus accessibles aux personnes sans domicile fixe, principalement aux Autochtones, c’est principalement moi qui aura appris beaucoup de choses.
© Gaetan Nerincx
La première chose que j’ai apprise, c’est que je ne connaissais presque rien à ces cultures. J’ai bel et bien complété toutes mes études au Québec, du primaire jusqu’à l’université (en journalisme!), et pourtant, à 24 ans à ce moment là, je ne savais presque rien sur les Autochtones. Je n’en connaissais pas personnellement non plus. Ça aura heureusement changé pendant ces deux années.
La deuxième chose que j’ai réalisée, c’est tout ce que les gens dans la rue ont à offrir. Du dessin à la sculpture, de la langue à la photographie, de la musique à l’écriture, de la lecture à la poésie, des idées aux actions: le potentiel des personnes sans domicile fixe m’a impressionné tout au long de mon parcours à bord d’idAction Mobile.
La troisième chose qui m’a étonné, ce sont certaines dynamiques dans cet univers de la rue qui est parfois parallèle à celui de bien des gens. Il suffit pourtant de s’installer au coin d’une rue, avec une craie ou un instrument de musique à la main, pour recréer un tout nouvel univers, et surtout créer des ponts avec les passants.
La quatrième chose que j’ai comprise, c’est comment la rue pouvait aussi être difficile. Émotionnellement, psychologiquement, physiquement. Et je n’y restais que quelques heures par semaine. Difficile encore pour moi d’imaginer y vivre 24 heures sur 24.
Quand Nadia Duguay, la co-directrice et co-fondatrice d’Exeko, m’a proposé ce poste avant que le projet ne prenne route, en 2012, j’ai tout de suite accepté. Je ne connaissais presque rien à cet univers, mais les critères les plus importants pour avoir ce job n’étaient pas les connaissances, mais plutôt l’ouverture d’esprit et le respect de l’autre, de celui qui est parfois différent de nous.
© Dorothée de Collasson
En deux ans, après avoir vécu des moments exceptionnels et d’autres plus difficiles, j’ai décidé de quitter pour des raisons personnelles et professionnelles, n’ayant plus la capacité de donner le meilleur de moi-même, mais heureux et fier de savoir que c’est une équipe formidable qui continue ce travail exceptionnel.
Beaucoup de gens qui vivent dans la rue parlent de celle-ci comme étant une école. Elle l’aura été pour moi aussi pendant ces deux ans et continuera à l’être malgré mon départ.
© Edenne Fournier
Merci Gilbert, Johnny, Yaani, Charlie, Lucasi, Makosi, Simuini, Tommy, Joel, Paul, Maranda, Philippe, Suzy, Mary, Ceejay, Diddy, Joey, Alan, Arelene, Brett, Sébastien, Shane et tous les autres que j’ai cotoyés pendant mon séjour à bord. Merci aussi à tous les bénévoles et toute l’équipe d’Exeko, derrière et devant les rideaux, qui ont fait et continuent à faire un excellent et important travail.
Merci et à bientôt, parce qu’on se reverra dans la rue, notre rue, et je vous regarderai avec d’autres yeux que ceux que j’avais avant de débuter ce travail.
© Alexandra Pronovost
MERCI YOUSSEF!
Oh, tiens, on a retrouvé le premier petit article de l'aventure idAction Mobile!
Youssef, c'est toute une perle de citoyen engagé. Venez découvrir ses nombreux projets, comme Syrian Eyes of the World, qui tient au coeur de tous ses collègues et amis.
© Syrian Eyes of the World