Quand l’art rassemble les gens
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Séjour à Opiticiwan du 5 au 17 mars 2023
par Jose Fuca, Responsable de programme en collaboration Premières Nations et Inuit et médiateur
Après deux ans et demi de pandémie, nous sommes enfin de retour à Opitciwan, communauté Atikamekw que j’affectionne tout particulièrement par le beau lien que j’entretiens avec des personnes de la communauté.
Nous avons été invité.e.s par Kim Dumaine, enseignante en arts plastiques à l’école secondaire Mikisiw. Notre rôle est de soutenir l’organisation d’une exposition d’art portée par les jeunes de 4e et de 5e secondaire.
Lors de notre première rencontre, Kim présente un portrait du contexte de la communauté, ainsi que du groupe afin que nous soyons conscient.e.s et sensibles à certaines situations actuelles. Nous avons également identifié ensemble les étapes et le calendrier pour co-créer un événement communautaire avec les jeunes.
À travers une série d’ateliers, les grandes lignes de notre collaboration ont été les suivantes : créer une affiche pour l’événement, composer un message publicitaire pour la radio, trouver des titres et écrire des légendes/étiquettes pour les œuvres, parler de design de logo et en co-créer un pour l’événement, explorer l’art-automatique/spontané pour créer une toile collective et expérimenter l’organisation des stations et de l’espace pour une exposition. Le tout accompagné d’une trame musicale pour mettre l’ambiance.
Création d’une affiche
Dans le cadre de la première rencontre avec les jeunes, nous passons à l'étape de la création d’une affiche pour souligner la présence de l’exposition avec des couleurs et sur du papier grandeur 11x17. Les participant.es sont bien investi.es dans cet atelier créatif.
Le lendemain, ma collègue, Anne Cloutier, continue en donnant son “cours de graphisme d’une affiche 101”. Nous projetons les informations recueillies dans les affiches dessinées la veille et les participant.es votent à main levée pour ce qu’iels veulent garder ou non. Les jeunes font leur choix typographique en posant des post-it sur la projection selon trois catégories : titre, sous-titre, corps de texte. Il y a une très bonne participation. Une affiche finale a été choisie.
Enregistrement d’un message radio
Nous débutons l’atelier pour la création d’un message radio avec une petite présentation théâtrale pour présenter l’exemple d’un mauvais texte de publicité à la radio et un texte mieux pensé. Ensuite, nous passons à la construction d’un texte. En collaboration avec l’enseignante en langue et culture Atikamekw, des élèves traduisent le message radio.
Dans un deuxième temps, nous réalisons une activité d’écriture collective amusante : un cadavre exquis avec dix lignes avec des débuts de phrases que chacun.e doit terminer. L’intention est de stimuler la création littéraire et de leur faire lire à voix haute les textes afin de pratiquer sans qu’iels ne s'en rendent compte. Le but : enregistrer le message pour l’envoyer à la radio. L’activité fonctionne bien au niveau de l’écriture. C’est un bon moment de rires. Avec quatre jeunes, nous enregistrons le message. Un comité de jeunes se forme pour aller placarder des affiches dans différents endroits de la communauté.
Logos pour la sérigraphie
Nous commençons la petite série d’ateliers sur les logos en montrant des logos réalisés par des jeunes d’autres communautés. Cela leur montre la liberté de création et les divers formats possibles. Anne explique à quoi sert un logo et anime un quizz avec des logos populaires. Les logos sont partout, ils nous transmettent des informations. Les jeunes participent activement. Ensuite, à l’étape du dessin, quelques logos commencent à apparaître, ce qui nous permet de réaliser l’assemblage de deux logos à partir de leurs propositions. Une votation s'ensuit pour décider lequel sera le logo officiel de l'événement.
Crédit photo : Exeko
Création collective
Anne réalise une présentation sur l’art automatique et montre quelques œuvres spontanées. Le message envoyé aux élèves est qu’il ne faut pas trop réfléchir pour appliquer cette technique. Il faut simplement se laisser aller. On met à leur disposition différents matériaux. On active la musique et l’exercice commence. Les jeunes prennent subtilement une place autour de la toile et leur imaginaire émerge. L’activité est un succès. Kim est émue de voir les jeunes aussi engagé.e.s.
Station photo
Pour cette station, nous plastifions les photos d’un jeune qui est passionné d’astrophysique. Les photos ont été prises la nuit pour capter des galaxies lointaines et d'autres phénomènes spectaculaires.
L'exposition "Nokotawin Art 2023 - Rassemblement d’art"
L’événement se déroule à la salle principale de la Maison des Jeunes d’Opiticiwan (MDJ). Les portes ouvrent à 18h. L’accueil de Kim et des jeunes est chaleureux. On ressent déjà la belle énergie qu’un tel événement peut amener au creux de l’hiver. Une musique planante joue dans le petit speaker. Les gens de la communauté entrent graduellement et se promènent dans la salle pour contempler les œuvres des jeunes. Le groupe de drummers Moosetown se préparent dans le couloir.
Je m’installe dans le kiosque de sérigraphie et commence à faire des chandails avec l’assistance d’un jeune impliqué dans l’exposition et qui connaît Exeko depuis au moins 3 ans. « Merci de m’aider avec la sérigraphie », je lui lance. « Ah, tu n’as pas à me remercier, j’aime ça passer du temps avec vous [Exeko], ce n’est pas un effort » qu’il me répond avec un sourire gêné.
Moosetown prend le centre de la salle et, sans préavis, commence une chanson. Les personnes présentes se réorganisent autour du groupe. La parole laisse place à l’écoute. Une fois la chanson terminée, Kim remercie les personnes impliquées et la directrice d’école pour leur confiance et leur soutien. Puis, elle nous passe la balle. Je remercie la communauté de nous accueillir à nouveau et les jeunes pour leur participation et leur confiance, pour nous laisser entrer dans leur monde et de nous le partager. Nathalie, la directrice de l’école, prend un moment pour encourager les jeunes à continuer de s’impliquer dans les arts et autres projets scolaires. Moosetown enchaîne avec une deuxième chanson.
L’ouverture de l’événement est officiellement lancée !
Crédit photo : Exeko
En quelques minutes, autour de la toile, la création collective est prise en charge par des jeunes et autres personnes de la communauté viennent les rejoindre. En parallèle, la sérigraphie et les logos attirent beaucoup l’attention des jeunes et adultes présent.e.s. La station photo, avec la voie lactée et la lune comme sujets, impressionne plus d’un.e. Un beau moment de fierté pour le jeune photographe !
A la fin de l’événement, il y a une forme de laisser-aller qui s’installe, une confiance entre les jeunes et nous, des bons ingrédients pour créer un bon lien. « Je suis contente de vous avoir rencontrés. Merci beaucoup pour les activités » qu’une d’entre les jeunes le plus impliquées nous lance sans préavis. L’autre jeune appuie avec un hochement de la tête. C’est le genre de phrase qui explique pourquoi nous faisons à Exeko ce que nous faisons.
Mikwetc ! Matcaci !
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Pour plus d'informations à propos de nos projets avec les communautés des Premières Nations, découvrez Trickster, notre programme pour les jeunes autochtones qui, à travers des ateliers artistiques et réflexifs, sont guidés dans l’exploration, l’appropriation, la réinterprétation d’éléments culturels et de savoirs traditionnels, en étroite collaboration avec les intervenant.e.s de la communauté.
Trickster est un programme dont le déploiement est rendu possible en partie grâce au soutien de partenariats durables avec la Fondation Marcelle et Jean Coutu, le Ministère du Patrimoine canadien, la Fondation Dufresne et Gauthier, la Fondation Jeunes en tête et la Fondation RBA.