Par admin : 07/25/2014 - 13:08
Mercredi 23 juillet, un équipage tout particulier embarquait à bord de idAction Mobile : aux côtés de Fred, le plus ancien des médiateurs en poste, et de Dorothée, chargée du projet, se joignaient Allison Reid (Réseau pour la Stratégie Urbaine des Autochtones à Montréal), Anick Sioui (Foyer pour Femmes Autochtones de Montréal), et Annie Gauthier (Arrondissement de Ville Marie), 3 partenaires précieuses avec lesquelles nous travaillons depuis plus d'un an et demi de façon constante, sur divers comités. Ainsi réunis en équipe pourvue d'une solide connaissance du terrain, tant du point de vue des réalités sociales que des potentiels artistiques, de la configuration urbaine et des partenaires environnants, nous démarrions une fois de plus notre tournée dans la bonne humeur.
Un premier arrêt s'effectue au carré St Louis. Tandis que Fred s'élance à la rencontre de quelques jeunes rencontrés la veille dans le cadre des journées Oasis, nos 3 invitées restent encore un peu intimidées! Bloquée dans le fond de la van, je les encourage à descendre! "Je ne sais pas trop comment m'y prendre", risque l'une d'elles. "Awaye les chicks, vous venez?" résonne la voix d'un des participants, depuis l'arrière de la van, où il s'affaire à choisir de nouveaux livres! C'est le go : nous descendons toutes les 4 saluer les jeunes hommes, qui s'enthousiasment devant le choix de livres! L'un d'eux me joue un petit air de l'harmonica que Fred l'a aidé à réparer la veille, avant de repartir à ses occupations. "C'est une vraiment bonne idée de pouvoir écrire dans les livres, de partager ce qu'on pense avec le suivant!!" "On vous adore, c'est tellement cool ce que vous faites!!" Une première escale où nous recevons des éloges si encourageantes...
Nous prenons ensuite la route en direction d'Atwater. Depuis la fermeture du square Cabot fin juin, les rencontres y sont plus difficiles, plus rares. La mobilité des participants que nous avions l'habitude d'y rencontrer nous est encore inconnue. Cependant, entourés de tant de partenaires connaissant le lieu et ses enjeux, nous nous risquons. 3 petits arrêts à Open Door, Batshaw et au Foyer pour femmes nous permettent d'amorcer le recrutement de jeunes pour la prochaine édition de Trickster à Montréal. Nous stationnons ensuite la van (je cite Fred: "de façon feng shui") dans les environs du square, proche d'une gang de participants que nous connaissons. Et là... instant retrouvailles. Je m'extirpe de la van au plus vite, sans trop en croire mes yeux! T. est de retour! C'est comme dans les films, au ralenti, ç'en est presque drôle et il manque juste la musique, ces quelques mètres de courses mutuelle vers une accolade teintée par le plaisir des retrouvailles.
Retrouvailles chargées en émotions (C) Exeko
Ca peut dérouter, mais il semble qu'un lien particulier nous réunisse à chaque fois. Un lien né il y a des années maintenant, autour de carnets à dessins, confiés puis retrouvés. T. est entourée ce jour-là de toute sa famille, dont elle est si fière...
La famille tout en sourire (C) Ddecollasson @ Exeko
Ce sont aussi des retrouvailles avec plusieurs autres. Le rire et la bonne humeur règnent. On sort les craies, les trottoirs deviennent lieu d'expression, et de création, de réflexion autour d'énigmes, de portraits. L'album photo demeure un outil de communication incroyablement efficace : c'est ainsi que je parviens à avoir de bonnes nouvelles d'une dizaine de participants, dont j'étais sans nouvelles depuis plusieurs mois. Les liens de famille se dévoilent : "Lui, il m'a quasiment élevée! ", "Elle, c'est ma soeur, et la petite, ma nièce!" "S. c'était ma cousine, son frère et ses amis c'est mon crew!!". On ressent beaucoup de fierté, chaque photo est reçue comme un cadeau dont la valeur semble inestimable. Fait impressionant, on semble presque faire partie de cette belle famille, le temps de ces échanges : "Elle, c'est ma meilleure amie.. je l'aime profondément... et son projet m'a tellement aidée, ils ne s'en rendent pas compte". "Et Youssef, comment va t-il?" s'enquiert une des participantes, au sujet d'un des médiateurs qui vient de quitter le projet. "Passe lui le bonjour de ma part, s'il te plaît, il me manque!"
Bonne humeur au rendez vous (c) Ddecollasson @ Exeko
P. de son côté, entame une grande discussion politique avec Allison. "J'aurais aimé rester plus, c'était vraiment intéressant, la prochaine fois que je le verrai j'irai en reparler", dit elle, une fois les portes de la van refermées.
P. entouré de nos trois partenaires, bénévoles d'un jour
Nous quittons les lieux à regret mais satisfaits, énergisés. À quelques coins de rue, un participant, lecteur connu de notre médiateur. "Ouvre ta fenêtre, lance un fort et determiné "YO DUDE!" tends lui ce calepin de note et ce stylo!" recommande Fred à Anik, assise à côté de lui. Ni une ni deux, elle s'essaye, ça fonctionne si bien que tout le monde explose de rire devant ce "yo dude" si affirmé! Au Centre d'Amitié Autochtone, la soirée culturelle bat son plein. Nous restons quelques instants, le temps de saluer quelques visages connus, et de récupérer de la bannique toute moelleuse et toute chaude, à distribuer sur la suite du parcours. Le premier à en recevoir n'est pas bien loin, et Anik réitère : "Yo Dude! Tu veux d'la bannique?" ! L'assurance se fait sentir!
Dernier arrêt au PAQ, tous les participants sortent du refuge pour venir saluer l'équipe, s'enquérir des nouveautés du projet, donner des nouvelles des uns et des autres, chercher une paire de lunettes, un calepin ou un livre. Nous remettons également un appareil photo jetable pour J, avec cette fois une mission reliée : photographier l'Art. Grand défi, dont nous avons hâte de voir les résultats!
http://exeko.org/idaction-mobile